[Niveau 0] Mission 2 : Rapporter une horloge brisée à sa juste place [Liam Wang]

Les jours passent et je commence tout doucement à me faire à mon nouveau monde, puisqu'il ne semble pas que je sois près de pouvoir rentrer chez moi.  Le nombre de mes alliés est toujours plutôt bas, je ne connais presque personne, or je suis livré à moi-même pour survivre.  Inutile de chercher du travail, je l'ai vite constaté : personne ne m'en donnera ici, parce que je suis justement un étranger.  Pourtant, cette discrimination aux yeux des habitants de Wonderland est loin d'être péjorative : au contraire, je me sens beaucoup trop respecté et considère ne pas mériter autant de déférence.  Néanmoins, peu importe tout ce que je peux bien dire à tous ceux que je rencontre, rien n'arrive à altérer ne serait-ce qu'un peu cette mentalité admirative à mon égard.  Au moins, je peux me conforter avec l'idée que ce n'est pas seulement diriger vers moi, mais vers tout ceux de l'autre monde.  Maigre consolation.

Jusqu'à maintenant, je m'en suis toujours tenu aux champs et à la forêt environnant la haute tour où vit ce mystérieux personnage appelé l'Horloger, ou the Watchmaker, par les locaux.  Je ne l'ai encore jamais vu.  Seulement, je sais qu'il est considéré comme étant le chef de coin du pays.  Comme les fermes m'ennuient un peu, j'ai décidé de pousser l'exploration plus loin afin de retrouver quelque chose qui ressemblerait plus à la ville.  Je n'ai rien contre les fermes, après tout j'y ai passé un tiers de mon existence, mais après avoir passé le reste de ma vie à Shanghai, je suis habitué à un rythme de vie plus mouvementé.  On m'a recommandé d'éviter le territoire de pique, qui est reconnu pour être particulièrement dangereux, mais de me diriger plutôt vers celui de coeur ou de carreau.  En ajoutant que dans le cas où je choisirais le premier de rester sur mes gardes : la reine de coeur a un sale caractère et même si elle ne risque pas vraiment de s'en prendre à un Outsider à cause du jeu, on ne sait jamais ce qui pourrait arriver.

Je ne sais pas trop comment je suis arrivé, parfois j'ai l'impression que les sentiers bougent d'eux-mêmes dans ce monde un peu farfelu et fou, mais il ne doit s'agir que de mon imagination.  Une fois sur place, une servante m'a gentiment suggéré d'aller faire un tour dans le labyrinthe, dont les jardins intérieurs sont splendides.  Après m'avoir bien recommandé de prendre une carte et de ne pas m'aventurer trop loin, elle m'a planté là, ce qui me rend un peu pantois.  Enfin, j'entre dans le labyrinthe et vagabonde ici et là, tout en prenant soin de toujours m'assurer de savoir où je me trouve sur la carte.  Tout à coup, j'aperçois un objet briller par terre.  Je m'approche pour ramasser une vieille pendule aux ressorts détraqués qui sortent de par et d'autre de l'objet.  J'ai un peu ouïe dire de ce que les horloges représentent pour les habitants de Wonderland et j'aurais rejeter l'objet avec presque dégoût si je n'avais pas entendu des bruits de pas s'approcher.  Sans trop savoir pourquoi, j'ai cacher l'objet dans ma poche et je fais semblant d'observer les motifs de la haie, en espérant que qui que ce soit, cette personne ne me veuille pas de mal.

Comme vous glissez l'horloge dans votre poche, deux soldats tournent le coin du labyrinthe.  Ils paraissent fort préoccupés et ennuyés.  Voir même quelque peu effrayés mais, ça, ils tentent de le cacher en se montrant agressif et en bombant le torse.  Le premier d'entre eux, petit et trapu, vous aborde de cette façon :

« Hey toi! Là! »

Une fois votre attention portée sur lui, il poursuit ainsi :

« Qui t'a permis d'entrer ici?  Le labyrinthe est fermé, il y a un fugitif à l'intérieur! »

Le second s'approche de vous et vous prend par le bras assez rudement.

« Tu fais partie des rebelles, c'est cela! »

Il a l'air menaçant.  Ces deux hommes semblent vous vouloir du mal, mais il ne faut pas leur en vouloir.  La reine leur a ordonné de retrouver la dépouille du pénitencier qui s'est enfui, s'ils ne s'exécutent pas, elle leur coupera la tête.  Et pourtant, vous risquez bien d'être la raison de leur malheur sans le savoir...

C'est bien ma chance, il semble que ce soit deux gardes de l'armée rouge qui me sont tombés dessus.  Je ne me fais pas prier longtemps avant de me retourner pour leur accorder toute mon attention.  Apparemment, je suis tombé sur un mauvais jour pour mon excursion dans le labyrinthe.  Pourtant, ce n'est pas moi qui l'ai cherché à proprement parler, on m'y a presque poussé de force aussi.  Néanmoins, tout cela semble de moindre importance dans la situation actuelle où je doute fortement de recevoir quelque réponse que ce soit à aucune de mes plaintes ou justifications.  Je me contente de me taire, contrit, de tout façon je ne peux pas vraiment me défaire de ce pétrin.  D'ailleurs, si ça se trouve, ils sont inquiets pour ma sécurité.  J'ai cru comprendre qu'ici on n'aime pas trop faire de mal aux Outsiders, les gens dans mon genre en gros.  Après tout, ils viennent tout juste de m'apprendre qu'un fugitif était en cavale dans le labyrinthe.  Si ça se trouve, ça pourrait être dangereux pour moi.  Je suis donc plus en sécurité près d'eux.

Du moins, jusqu'à ce qu'on m'accuse d'être un traître.  La stupéfaction ne peut s'empêcher de se trahir sur mon visage, considérant que... eh bien, je viens tout juste d'arriver, comment aurais-je déjà pu me lier avec des rebelles.  Je ne savais même pas qu'il y avait ce genre de question ici : tout le monde semble être un rebelle en son genre.

« Mais non pas du tout... je viens d'arriver ici... »

J'espère qu'ils comprendront que je ne suis pas d'ici et que je n'ai rien à faire dans leur conflit : je n'y ai aucun intérêt.  Je lèverais les mains pour prouver mon innocence, mais ici tout peut devenir une arme à tout moment alors ça ne servirait à rien.

« Écoutez, je ne savais pas qu'on ne pouvait pas entrer, une servante m'a mise la carte entre les mains et m'a envoyé ici passer le temps.  Si vous m'indiquez le chemin le plus rapide pour sortir, je vais quitter sur le champ... »

Je tente ma chance, sinon je n'ai pas d'autres cartes à jouer et je risque de me retrouver dans de beaux draps.

Les deux soldats se jettent un regard rempli de compréhension mutuelle : il en va de leur vie, il n'est pas question de laisser filer le suspect entre leurs doigts comme ça. Il est évident que leur homme n'est pas un habitant du royaume de coeur. On aurait pu penser que le Chapelier enverrait des espions plus expérimentés pour une pareille mission, mais soit. Sans même avoir besoin de parler, ils agissent dans un synchronisme parfait et encadre le jeune homme. Il ne s'agit pas d'une arrestation, mais presque.

« Les ordres sont les ordres, quiconque pris à fouiner dans le labyrinthe sera mis sous les barreaux jusqu'à ce que l'on retrouve le criminel pour prouver son innocence. Si la reine n'a toujours pas décidé de faire tomber une tête. »

Ils entraînent leur prisonnier vers un couloir opposé à celui d'où est arrivé le Chinois.

Encadré par ces deux hommes, je me sens complètement impuissant. Comment je peux me sortir de cette situation, c'est bien ce que je me demande. Je lâche un lourd soupir malgré moi. J'espère que ça ne m'attirera pas plus d'ennuis que ça... C'était un rêve trop beau pour être vrai, parce que je remarque que la carte que je tenais dans une main s'est transformée en une lourde épée. Il fallait vraiment que ce monde me joue des tours là, exactement à ce moment-ci. Ce n'est pas la première fois que ça ne m'arrive, mais je ne me suis toujours pas habitué à ce phénomène. Et évidemment, à la lourdeur de la lame, un de mes bras s'affaisse sous le poids. Or, cela attire l'attention des deux gardes. Je n'ai plus de choix, je dois passer à l'attaque et m'enfuir. Si je ne le fais pas, on va me prendre pour un rebelle et on m'enfermera à double tour avant de ne me faire subir je ne sais trop quelle torture. Ce que je me fais comme réflexion est qu'il faut que je me décide rapidement à agir, pendant qu'ils sont encore surpris.

Sans trop comprendre rien à l'art du combat, je balance mon épée dans un mouvement maladroit en essayant d'éviter de blesser gravement les deux hommes : après tout, même s'ils sont menaçants, ils ne font que leur boulot. Et l'idée de causer du mal à un autre être humain me semble intolérable.

« Dé... désolé! » m'exclamai-je dans la confusion qui suivi mon attaque inattendue.

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'Niveau 1' :

« Un rebelle! » s'exclame le garde qui a été coupé à la main par le coup porter par l'étranger.  La blessure n'est pas profonde, mais il faudra des points de suture pour guérir la plaie.  Et avec cet homme en liberté, il va falloir l'attraper et le remettre entre les mains de la reine s'ils veulent avoir le temps de se remettre de toute plaie.  Il tente malgré tout de dégainer son sabre, mais la douleur l'élance un peu ce qui le ralenti.

« Merde!  Allez, dépêche de l'attraper, il faut pas le laisser s'échapper! » s'écrie-t-il à l'attention de son collègue.

Celui-ci ne met pas long à réagir avant de tirer son fleuret.  C'est un habile escrimeur qui ne doute pas de gagner rapidement l'avantage grâce à la légèreté de son arme en comparaison de celle de l'autre homme.  Il feinte un coup aux jambes avant de dévier pour porter un coup au flanc.

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'Niveau 1' :

Je n'arrive pas à croire que j'ai fait ça...  J'ai porté un coup à un autre homme, une personne qui en soit ne m'a rien fait de mal outre peut-être me serrer un peu trop durement le bras.  Mon action m'emplit rapidement de regrets, mais surtout de honte.  Bien que je me retrouve contre moi dans un monde qui ne me ressemble pas, je ne dois pas m'adapter au point de ne plus arriver à me reconnaître.  Si je dois tout perdre, la seule chose que je ne me peux pas me permettre de perdre, c'est moi-même, je le dois à Li Yan.  Si elle savait que pour sauver ma propre vie, je m'autorisais à en blesser d'autres, elle serait absolument bouleversée.  Après tout, n'a-t-elle pas elle-même sacrifié sa propre vie pour sauver une autre jeune fille, une adolescente qui lui était complètement étrangère?

Mon désarroi a toutefois permis au soldat de me toucher au flanc.  La douleur est d'abord légère avant de devenir perçante.  Ma vision se trouble un instant et je ne peux m'empêcher de porter une main à la blessure.  Rien de très grave, mais il faudra soigner cela correctement, si jamais je m'en sors vivant.  Les regrets tout d'abord exprimés s'enfuient loin de moi : je ne peux pas mourir.  La pensée m'a souvent effleurée l'esprit du bout des doigts après la perte de ma femme, mais je me suis promis de vivre pour elle, elle qui avait une soif de vivre insatiable.  Bien que je ne sache pas trop comment m'en servir, je soulève mon arme et la tient devant moi le plus droit possible.  Mes bras tremblent sous le poids et la douleur m'élance assez pour me faire serrer les dents.  Je pousse un cri de guerre et je charge vers le deuxième soldat.  Si je réussis à le toucher aussi, peut-être aurais-je assez de temps pour m'enfuir plus tard.  Je n'ai pas l'intention de les faire périr ni l'un ni l'autre, juste de m'en sortir et de rentrer chez moi fissa.