[Niveau 0] Mission 2 : Rapporter une horloge brisée à sa juste place [Katô Sören]

Comme depuis tout le temps qu'il était ici, Sören s'était levé tôt pour aller vagabonder à droite et à gauche dans l'espoir d'obtenir ce qu'il désirait pour la confection de ses marionnettes. Son sac en toile près de lui, il savait se montrer agile afin de ne pas se faire repérer. Il avait changé de territoire, mais ce n'était pas la première fois pour lui. En effet, le japonais avait l'habitude de naviguer un peu où bon lui semblait ; enfant-chat qu'il était, il parvenait à se montrer discret pour ne pas se faire découvrir. Cela serait fort dommage de se retrouver sans tête. Ou sans cœur.
Sören se glissa à l'ombre de la forêt. Furtif et silencieux, il déjoua facilement l'attention des gardes postés ici et là. Son regard se projetait bien plus loin à l'intérieur de cette forêt. Et il n'avait pas peur. C'était une sensation particulière, depuis qu'il était arrivé dans cet endroit. Était-ce une sorte de rêve ? Un mirage ? Sören avait comme l'impression de vivre un rêve éveillé, mais que rien ne pouvait vraiment le toucher. Alors il courait, il courait à travers les feuilles éparpillées sur le sol pour se rendre au cœur de la forêt. Là où le jour parvenait à traverser les branches feuillues des arbres les plus hauts.
Ses pupilles se stoppèrent néanmoins sur un petit objet sur le sol. Curieux, il s'en approcha sans pour autant tendre la main. Il s'accroupit au-dessus et se rendit bien compte qu'il s'agissait d'une vieille horloge cassée. Il demeura là, un instant, avant de la laisser à sa place pour se préoccuper de ses marionnettes qui s'impatientaient dans son sac. Des branches, des fougères... Mais qui s'occuperait de cette horloge si lui ne le faisait pas ?

Sa main s'était finalement tendue vers cette horloge. Il l'avait prise délicatement, presque du bout des doigts de peur de la briser encore plus qu'elle ne l'était déjà. Qui était cette personne qui venait de disparaître ? Pour quelle raison ? Dans quelles circonstances ? Toutes ces questions se déroulaient dans l'esprit du jeune homme qui sentit autre chose arriver. Il tourna sa tête d'un côté, puis de l'autre. L'horloge serrée dans sa main afin de ne pas la perdre, il aperçut un buisson bouger non loin de lui. Il retint sa respiration, se tassa davantage sur lui-même comme pour se fondre dans le décor. Néanmoins, son cœur battait la chamade, les aiguilles s'égrenaient à en perdre le fil du temps.
Sören feula presque à l'instar d'un chat, animal auquel il était comparé depuis son enfance. Il se sentait en danger et, apparemment, il avait raison de le pressentir. Un homme émergea du buisson, grand et bien plus corpulent que lui physiquement. Evidemment, ils ne purent pas se manquer, ni l'un, ni l'autre. Leurs deux regards se recroisèrent et le danois sut qu'il serait plus préférable pour lui de déguerpir sur-le-champ. Pourtant, il demeurait là, cachant discrètement l'horloge cassée entre ses doigts fins.
Qu'est-ce qu'il fichait là... C'était une excellente question qu'on lui posait là.

« Je veux simplement ramasser du bois, pour mes marionnettes. »

Sa voix sortit de nulle part tandis qu'il se redressait du haut de son mètre soixante. L'homme en face de lui était imposant, ne lui plaisait pas du tout avec cette mauvaise expression inscrite sur son visage, mais Sören ne comptait s'enfuir que s'il se faisait trop insistant envers lui. Le jeune homme tenta donc de reprendre sa route, juste simplement en suivant un chemin tout tracé, contournant cette personne baraquée.

« Je ne vous veux aucun mal. »

Sa main enfouissait le plus secrètement possible l'horloge dans son sac en toile, bien protégée entre ses deux marionnettes à moitié terminées.

Son regard demeurait planté sur son interlocuteur. Le dos courbé, telle qu'était sa posture initiale, Sören commençait néanmoins à s'interroger sur son geste. Dans quelle aventure s'était-il lancé ? Lui qui, d'ordinaire, ne s'intéressait qu'à sa propre personne et ses seules inventions comptaient à ses yeux. Peut-être que, cette fois-ci, c'était parce qu'il s'agissait d'une horloge. Jamais il n'abandonnerait cet endroit (du moins l'espérait-il), alors il souhaitait rendre ce qu'il voulait que l'on fasse pour lui si jamais il se faisait attraper par les plus hauts dirigeants. Qui était cette horloge ? Ses doigts la touchait du bout, enfoncée dans son sac.
Il soupira légèrement, apercevant le géant bouger un peu. A son tour, il recula. D'un pas, ou peut-être deux. Il s'était expliqué à cet homme bourru. Il lui avait dit qu'il était là pour la fabrication de ses marionnettes. Il devrait s'en aller. Sören n'avait rien de suspect. Il n'était pas suspect. Pourquoi le serait-il ? Il savait très bien cacher les choses... Mais si ce que désirait cette armoire à glace était de le voir courir à travers la forêt, soit. L'Enfant-Chat n'attendait qu'un geste supplémentaire à son encontre.

« Est-ce que je peux... m'en aller ? » l'interrogea-t-il doucement.

Sören avait voulu faire bonne figure en demandant poliment si cet homme en avait enfin terminé avec lui, mais il eut vite compris que ce ne serait pas aussi simple. En effet, quelque chose venait de changer dans les yeux de cette brute immense, qui faisait facilement deux fois son poids et une fois et demi sa taille. Mais le joueur de marionnettes n'eut pas le temps de s'échapper lorsque son adversaire fonça droit sur lui.
Le souffle coupé, il tenta de se débattre, ses deux mains entourant celle de son interlocuteur qui tenait fermement son haut. Il songea, un vague instant, qu'au moins cette personne n'avait pas vu son geste, pas vu cette horloge dans son sac. Sören battait des pieds, soulevé dans les airs sans qu'il ne puisse faire quoi que ce soit d'autre que de subir. Il regardait pourtant son vis-à-vis droit dans les yeux, comme pour lui montrer qu'il n'avait effectivement rien à se reprocher.
Sauf que cela ne suffisait bien sûr pas à le faire le reposer par terre. A l'inverse, il fit un magnifique vol plané... ou presque. Agile et comparable à un félin, le japonais parvint à amortir sa chute en retombant à quatre pattes sur le sol. A croire que toutes ses escapades commençaient enfin à payer. Malgré sa respiration courte, il se redressa pour épousseter ses vêtements, priant pour que l'horloge brisée ne le soit pas davantage. Plus de peur que de mal, dans l'immédiat.

« Je n'ai rien fait ! » cracha-t-il en essayant de calmer les battements de son cœur.

Mais il avait bien saisi que l'homme se moquait de ses paroles. Il aurait pu lui dire n'importe quoi, cela aurait été pareil. Alors Sören comprit qu'il n'y avait plus qu'une seule solution à sa portée : la fuite.

« Si tu tiens tant que ça à m'avoir... Tu n'as qu'à m'attraper. »

Aussitôt, l'Enfant-Chat s'élança à travers les bois, courant un peu à l'aveuglette parmi ces hauts arbres, les racines et toute la broussaille de l'endroit. Il espérait avoir de l'avance sur son poursuivant, lui qui était plus frêle et donc, par conséquent, sans doute plus rapide. Il devait courir sans se retourner, franchir les obstacles naturel de cet endroit en espérant fuir dans la bonne direction.

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<a href="http://wonderlandgame.1fr1.net/t73-niveau-0-mission-2-rapporter-une-horloge-brisee-a-sa-juste-place-kato-soren">Mission 0.2 :</a> Rapporter une horloge brisée à sa juste place ✔︎

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